jeudi 27 novembre 2008

Semester break (3) : Le village médiéval d’Orcha

Le samedi matin, nous arrivons dans cette petite cité médiévale tranquille, loin de l’excitation touristique de Khajurâho. La journée est consacrée à la visite de la cité et de ses palais.


En fin de journée rien de mieux qu’une bonne baignade dans la rivière

Après une soirée arrosée au restaurant, avec Guillaume, nous voilà parti à la découverte des rues de nuit. Alors que nous errions dans la cité, une famille nous invite à rentrer chez eux. Leur maison est plutôt rustique, le sol ne diffère guère de celui de la rue, et pour aller d’une pièce à l’autre, ils doivent passer par une cour à ciel ouvert. Nous ne sommes pas les premiers occidentaux à être invités. C’est presque une habitude pour eux, qui ont compris comment tirer profit du tourisme à leur niveau. En effet, ils nous invitent à revenir le lendemain pour déjeuner. Nous avons donc eu l’occasion de voir la maitresse de maison à l’œuvre pour la préparation du repas, à genoux dans sa cuisine, avec en guise de réchaud un simple feu de bois. En remerciement, nous leurs remboursons le repas, ce qui était évidemment attendu de leur part, ce n’était pas juste par gentillesse cette invitation. Cela restera quand même un bon souvenir, avec un bon repas moins cher qu’au restaurant et cuisiné sous nos yeux, le tout en compagnie d’une famille bien sympathique.


La fin de notre séjour se déroule sans soucis. Notre retour sur Delhi est prévu pour le dimanche en soirée, du moins c’est ce qu’on avait prévu. En effet, notre ami Julien, bien qu’ayant eu la bonne initiative d’acheter les billets de train en avance, avait réservé pour la veille. Nous voilà donc sans billet de retour, la veille du « Noël » indien (Deepawali, fête des lumières). Une seule solution, tenter le coup sans billets conformes, et jouer la carte des petits touristes occidentaux paumés dans l’administration indienne et pensant être en règle. Mais tout cette stratégie pour rien car nous arrivons à Delhi sans un seul control, fait exceptionnel depuis que je voyage en Inde.


Les vacances terminées avec en perspective un mois de novembre studieux sur Delhi. Aujourd’hui, mes exams sont finis, le semestre derrière moi, en attente des résultats (confiant mais sans plus). A moi les plages du sud.

Ce soir je pars pour Bombay. Des attentats ont eu lieu mercredi soir, rafales de balles dans la gare, et prises d’otages dans des hôtels chics de la ville. Ils sont revendiqués par des extrémistes musulmans qui étaient à la recherche de britanniques et d'américains. La situation est encore chaude. Cependant, selon l'ambassade française, la gare est sécurisée, loin des zones sous tension. Ce ne sera qu'une simple escale de quelques heures, le temps de prendre un bus pour Goa à la gare routière juste à côté de la gare. Bombay ce sera vite fait bien fait.

Ainsi se termine mon premier semestre en Inde, toujours content d’être là et pas pressé de rentrer, sauf pour la famille et les amis, mais bon on ne peut pas tout avoir dans la vie. Décembre sera synonyme de break pour mon blog et pour moi, j’en profite donc pour vous souhaiter de bonnes fêtes et à l’année prochaine.

mardi 25 novembre 2008

Semester break (2) : les temples érotiques de Khajurâho

Khajurâho est un site archéologique regroupant de nombreux temples construits entre le IXe et le XIIe siècle. Alors abandonnés et cachés par la jungle, ils sont redécouverts au cours du XIXe siècle par les Anglais. Les temples sont célèbres par leur beauté, leur incroyable conservation, et aussi par la présence de représentations érotiques inexpliquées. Bien qu’étant connus pour ces représentions du Kâma-Sûtra, celles-ci sont peu nombreuses. Le village de Khajurâho c’est développé autour des temples et vivant exclusivement du tourisme.



Nous arrivons donc en fin de matinée du jeudi. Afin de circuler facilement d’un site à l’autre nous louons des vélos pour le temps de notre séjour sur place. L’après-midi est réservée à la visite des différents temples. Bon, faut aimer les vieilles pierres pour vraiment apprécier la beauté des temples, ce qui n’est pas vraiment mon cas. Mais étant en Inde pour une année, je ne pouvais pas passer à côté sans y jeter un coup d’œil. Cela ressemble un peu au palais du roi Louis le singe dans le Livre de la Jungle, mais sans Baloo c’est moins drôle.

Quelques vues des temples







Pour le plaisir des yeux, quelques zooms sur des positions du Kâma-Sûtra





Le lendemain, nous décidons de nous écarter du « village vacance » pour rejoindre un site naturel à une vingtaine de kilomètres, le tout en vélo. Le parcours se fait en pleine campagne, rythmé par des « Namastés » (bonjour en hindi) de la part des habitants. Le site est magnifique, bien que le prix de l’entrée soit calqué sur les prix à touristes de Khajurâho. C’est une sorte de grand canyon à l’indienne, du moins hors moussons (tout est rempli lors de la saison des moussons). Journée très agréable, loin des touristes de Khajurâho, en vélo dans la campagne.





Le jour suivant nous prenons la route pour Orcha, plus au nord, pour notre dernière escale des vacances. A Khajurâho, on quitte l’Inde une fois dans le village, où la majorité des personnes sont blanches, où toute la vie est tournée sur le tourisme et les temples, et les prix s’en ressentent (bon, ça reste correcte par rapport aux prix français). Ce n’est vraiment pas ce que je retiendrai de l’Inde. Khajurâho est très célèbre, peut-être trop, donc il fallait y passer au moins pour voir. Ça y est, j’ai vu !

lundi 17 novembre 2008

Semester break (1) (du 19 au 26 octobre) : Varanasi, la ville sacrée

Comme promis, avec un peu de retard, me voilà parti dans le récit de mes vacances d’octobre. Petit retour dans le temps, on est le dimanche 19 octobre, ma dernière épreuve de partiels vient de se terminer (et oui, ici on peut avoir des exams ou des cours le dimanche). Avec deux autres français, Guillaume et Julien, nous prenons le train pour un voyage d’une semaine. Première étape, la ville sacrée des hindous, appelée Bénarès par les anglais, mais plus connue sous le nom de Varanasi. C’est ici que les hindous viennent faire leur pèlerinage pour se baigner dans le Gange, qui est loin d’être propre, mais n’aller surtout pas dire impure, ça pourrait être pris comme une insulte.



Après 17h de train, nous arrivons le lundi matin à Varanasi. Après s’être installés à l’hôtel, nous partons nous promener sur les Ghâts (marches situées sur la rive du Gange pour permettre aux gens de s’y baigner) avant de flâner dans les ruelles de la ville. Le soir nous avons assisté à un concert de musique traditionnelle indienne avec cithare (guitare indienne), tablas (percussion)…



Des vaches prenant un cours d’aquagym avec Julien en prof. Qui dit ville sacrée, dit vache, et ici elles ne sont pas toutes maigres comme à Delhi. Elles sont gâtées.





Concert de musique, avec le joueur de tablas à gauche. J’ai fait une petite folie, je m’en suis acheté. Il me reste plus qu’à m’y mettre et trouver un moyen de les ramener en France.

Très tôt le lendemain, 5h du matin, nous partons en visite guidée. Au programme, balade en barque sur le fleuve au petit matin afin de voir l’animation sur les Ghâts, puis visites de plusieurs temples de la ville. La balade en bateau est parfaite pour avoir une vue globale de la ville. La ville est assez agitée, mais dès qu’on est au bord du fleuve, tout est calme, paisible, mystique. On s’y sent bien et flâner sur les Ghâts suffit à passer un excellent moment. Les promenades en bateau sont un vrai business. Il y en a tout le long du fleuve prêt à prendre les touristes. Le matin, des dizaines de barques pleines de touristes naviguent près des Ghâts. Cela fait un peu voyeurisme de venir voir les gens se laver dans le Gange, mais on ne peut pas venir à Varanasi sans voir ce spectacle. Les hindous se « purifient » dans le fleuve en s’y lavant tous les matins, malgré qu’il soit l’un des fleuves les plus pollués au monde. C’est ainsi que les gens se baignent alors qu’à quelques mètres d’eux, des ordures flottent. Ci-dessous différentes prise de vue du bateau.











Ceci est un crématoire. Mourir à Varanasi et s’y faire incinérer permet de mettre fin au cycle infernal des réincarnations et enfin trouver la paix. Les corps sont incinérés presqu’à la chaîne, c’est assez morbide mais ça vaut le détour. Attention il y a un bout de boit qui sort du feu ! Ah non ! C’est un bras !

La fin de la journée ne fut pas très mouvementée par manque de sommeil dû à la courte nuit. Pour notre dernière journée, ayant la flemme de trop bouger, on décide de se perdre dans la ville, en commençant par les Ghâts. Dès qu’on arrive à la Main Ghât, on se fait accoster par plusieurs indiens qui proposent des massages. Cela commence par une simple poignée de main, ce n’était pas la première fois que des gens veuillent nous serrer la main donc on ne s’est pas méfié. Ensuite ils commencent à masser le bras, enfin masser d’après eux. On commence à sentir l’arnaque alors on décide de partir, mais c’est là qu’ils nous réclament de l’argent pour le massage. La blague ! De la vente forcée. Bien sûr on n’a pas payé pour ça, faut pas déconner. Mais il ya toujours de touristes qui ne savent pas comment réagir et qui finissent par payer. De nombreux enfants traînent sur la rive du Gange pour vendre des souvenirs et des cartes postales aux touristes. C’est d’ailleurs souvent leur seul revenu.

Au début de notre promenade, étant assis sur les marche à regarder le fleuve, une gamine tente de me vendre une sorte de poudre colorée pour faire des dessins sur la peau. Me voyant non intéressé, elle commence à me faire un dessin sur la main. Je lui précise bien que je ne paierai pas même si je la laisse faire. Mais je n’ai pas pu résister de lui faire plaisir en lui laissant un peu d’argent après, mignonne comme elle était. Elle m’a bien eu. Nous continuons donc notre promenade sans but. On s’aperçoit alors que la gamine nous suit avec des amis à elle. On joue un peu avec les enfants, ce qui les amuse beaucoup. Malgré le fait qu’ils travaillent toute la journée pour pouvoir manger, ils n’en restent pas moins des enfants qui ne devraient pas avoir d’autres soucis que de jouer.

Tout au long de la journée, la petite nous accompagne, non pas pour tenter de nous vendre sa marchandise, mais juste histoire de passer un bon moment. Je commence alors à sympathiser avec elle. Moni a onze ans mais en parait huit ce qui porte à croire qu’elle ne doit pas manger à sa faim tout le temps, et l’argent qu’elle gagne est le seul revenu pour elle et à sa mère. Autant dire que ce n’est pas la joie tous les jours. Elle n’a pas la possibilité d’aller à l’école, mais parle assez bien l’anglais pour qu’on se comprenne. Malgré cela, elle a égayé notre journée, et plus particulièrement la mienne vu qu’elle a passé la plupart du temps avec moi. Afin de lui faire plaisir, on lui a offert le restaurant. On se voyait mal lui dire de nous laisser pour qu’on aille manger. Elle a dû ensuite retourner à la Main Ghât pour gagner un peu d’argent.

Le soir, nous retournons à la Main Ghât où tous les soirs a lieu une cérémonie similaire à Haridwar, avec chants et offrandes au fleuve. Peu avant, la Ghât se remplie d’hindous et de touristes. Les masseurs et les enfants tentent d’avoir un peu d’argent des touristes. Malgré qu’on n’achète rien plusieurs enfants restent jouer avec nous. C’est alors qu’on revoit la petite Moni. Tout se passe très bien, jusqu’au moment où un policier commence à disperser les enfants à coup de matraque (ça rigole pas) sous prétexte que ça gêne les touristes. Il se prend pour qui pour penser à notre place. Il en vient même à frapper Moni alors qu’elle parle juste avec nous. On lui fait vite comprendre de la laisser tranquille, que les enfants ne dérangent personne, au contraire. Il ferait mieux de s’occuper des nombreux vendeurs de hash qui t’interpellent partout dans la ville. Faut savoir qu’après avoir vendu, la plupart vont balancer à la police. Il aura quand même réussi sont coup. Les enfants sont effrayés, et Moni n’osera pas revenir à la Main Ghât pour le reste de la soirée. Elle m’amène donc sur une Ghât voisine, avec moins de touristes mais toujours avec la même ambiance, où elle a moins peur de tomber sur le policier. Elle en profite pour me présenter à sa mère. La fin de la cérémonie se fait donc en compagnie de Moni et de ses amis, ayant laissé les miens sur l’autre Ghât.



Moni, en jaune, avec ses amis




Arrive alors le moment du départ, la déception pour Moni pensant pouvoir remanger avec nous le soir. Je lui fais comprendre que nous ne pouvons pas rester car nous partons le soir même à Khajurâho, et je lui laisse assez d’argent pour qu’elle puisse s’offrir à manger. Elle était toute heureuse avec son billet de 50 roupies (moins d’un euro), autant qu’elle puisse gagner en une journée. Elle nous a accompagné jusqu’au rickshaw en nous tenant la main pour profiter des derniers instant avec nous, triste de nous voir partir. Le moment de nous dire au revoir fut assez intense pour elle, n’ayant pas pu s’empêcher de pleurer. Je mentirai si je disais que je n’ai rien ressenti. Voyager en Inde me fait côtoyer la misère de près, donc faire plaisir à cette petite c’était une façon pour moi, de faire face à tout ça. Il ne suffit pas de grand-chose souvent pour donner le sourire à ces gamins des rues. Elle aura au moins passé une bonne journée en notre compagnie, oubliant un peu ses soucis quotidiens. Je lui ai promis que je reviendrai fin décembre.

Nous voilà donc dans le train pour Khajurâho, avec la tête pleine de souvenirs et de bons moments. Varanasi est vraiment une superbe ville, qui peut ne pas plaire à tout le monde par son côté un peu oppressant, toujours à se faire accoster pour notre argent. Mais, si on sait ne pas y faire attention, on voit la ville différemment et on comprend pourquoi cette ville est sacrée, ce qui est assez difficile d’expliquer par des mots. J’y reviendrai avec les parents, et peut-être encore après, surtout que maintenant j’ai une promesse à tenir.

La suite du voyage à suivre sous peu, avant fin novembre…