lundi 17 novembre 2008

Semester break (1) (du 19 au 26 octobre) : Varanasi, la ville sacrée

Comme promis, avec un peu de retard, me voilà parti dans le récit de mes vacances d’octobre. Petit retour dans le temps, on est le dimanche 19 octobre, ma dernière épreuve de partiels vient de se terminer (et oui, ici on peut avoir des exams ou des cours le dimanche). Avec deux autres français, Guillaume et Julien, nous prenons le train pour un voyage d’une semaine. Première étape, la ville sacrée des hindous, appelée Bénarès par les anglais, mais plus connue sous le nom de Varanasi. C’est ici que les hindous viennent faire leur pèlerinage pour se baigner dans le Gange, qui est loin d’être propre, mais n’aller surtout pas dire impure, ça pourrait être pris comme une insulte.



Après 17h de train, nous arrivons le lundi matin à Varanasi. Après s’être installés à l’hôtel, nous partons nous promener sur les Ghâts (marches situées sur la rive du Gange pour permettre aux gens de s’y baigner) avant de flâner dans les ruelles de la ville. Le soir nous avons assisté à un concert de musique traditionnelle indienne avec cithare (guitare indienne), tablas (percussion)…



Des vaches prenant un cours d’aquagym avec Julien en prof. Qui dit ville sacrée, dit vache, et ici elles ne sont pas toutes maigres comme à Delhi. Elles sont gâtées.





Concert de musique, avec le joueur de tablas à gauche. J’ai fait une petite folie, je m’en suis acheté. Il me reste plus qu’à m’y mettre et trouver un moyen de les ramener en France.

Très tôt le lendemain, 5h du matin, nous partons en visite guidée. Au programme, balade en barque sur le fleuve au petit matin afin de voir l’animation sur les Ghâts, puis visites de plusieurs temples de la ville. La balade en bateau est parfaite pour avoir une vue globale de la ville. La ville est assez agitée, mais dès qu’on est au bord du fleuve, tout est calme, paisible, mystique. On s’y sent bien et flâner sur les Ghâts suffit à passer un excellent moment. Les promenades en bateau sont un vrai business. Il y en a tout le long du fleuve prêt à prendre les touristes. Le matin, des dizaines de barques pleines de touristes naviguent près des Ghâts. Cela fait un peu voyeurisme de venir voir les gens se laver dans le Gange, mais on ne peut pas venir à Varanasi sans voir ce spectacle. Les hindous se « purifient » dans le fleuve en s’y lavant tous les matins, malgré qu’il soit l’un des fleuves les plus pollués au monde. C’est ainsi que les gens se baignent alors qu’à quelques mètres d’eux, des ordures flottent. Ci-dessous différentes prise de vue du bateau.











Ceci est un crématoire. Mourir à Varanasi et s’y faire incinérer permet de mettre fin au cycle infernal des réincarnations et enfin trouver la paix. Les corps sont incinérés presqu’à la chaîne, c’est assez morbide mais ça vaut le détour. Attention il y a un bout de boit qui sort du feu ! Ah non ! C’est un bras !

La fin de la journée ne fut pas très mouvementée par manque de sommeil dû à la courte nuit. Pour notre dernière journée, ayant la flemme de trop bouger, on décide de se perdre dans la ville, en commençant par les Ghâts. Dès qu’on arrive à la Main Ghât, on se fait accoster par plusieurs indiens qui proposent des massages. Cela commence par une simple poignée de main, ce n’était pas la première fois que des gens veuillent nous serrer la main donc on ne s’est pas méfié. Ensuite ils commencent à masser le bras, enfin masser d’après eux. On commence à sentir l’arnaque alors on décide de partir, mais c’est là qu’ils nous réclament de l’argent pour le massage. La blague ! De la vente forcée. Bien sûr on n’a pas payé pour ça, faut pas déconner. Mais il ya toujours de touristes qui ne savent pas comment réagir et qui finissent par payer. De nombreux enfants traînent sur la rive du Gange pour vendre des souvenirs et des cartes postales aux touristes. C’est d’ailleurs souvent leur seul revenu.

Au début de notre promenade, étant assis sur les marche à regarder le fleuve, une gamine tente de me vendre une sorte de poudre colorée pour faire des dessins sur la peau. Me voyant non intéressé, elle commence à me faire un dessin sur la main. Je lui précise bien que je ne paierai pas même si je la laisse faire. Mais je n’ai pas pu résister de lui faire plaisir en lui laissant un peu d’argent après, mignonne comme elle était. Elle m’a bien eu. Nous continuons donc notre promenade sans but. On s’aperçoit alors que la gamine nous suit avec des amis à elle. On joue un peu avec les enfants, ce qui les amuse beaucoup. Malgré le fait qu’ils travaillent toute la journée pour pouvoir manger, ils n’en restent pas moins des enfants qui ne devraient pas avoir d’autres soucis que de jouer.

Tout au long de la journée, la petite nous accompagne, non pas pour tenter de nous vendre sa marchandise, mais juste histoire de passer un bon moment. Je commence alors à sympathiser avec elle. Moni a onze ans mais en parait huit ce qui porte à croire qu’elle ne doit pas manger à sa faim tout le temps, et l’argent qu’elle gagne est le seul revenu pour elle et à sa mère. Autant dire que ce n’est pas la joie tous les jours. Elle n’a pas la possibilité d’aller à l’école, mais parle assez bien l’anglais pour qu’on se comprenne. Malgré cela, elle a égayé notre journée, et plus particulièrement la mienne vu qu’elle a passé la plupart du temps avec moi. Afin de lui faire plaisir, on lui a offert le restaurant. On se voyait mal lui dire de nous laisser pour qu’on aille manger. Elle a dû ensuite retourner à la Main Ghât pour gagner un peu d’argent.

Le soir, nous retournons à la Main Ghât où tous les soirs a lieu une cérémonie similaire à Haridwar, avec chants et offrandes au fleuve. Peu avant, la Ghât se remplie d’hindous et de touristes. Les masseurs et les enfants tentent d’avoir un peu d’argent des touristes. Malgré qu’on n’achète rien plusieurs enfants restent jouer avec nous. C’est alors qu’on revoit la petite Moni. Tout se passe très bien, jusqu’au moment où un policier commence à disperser les enfants à coup de matraque (ça rigole pas) sous prétexte que ça gêne les touristes. Il se prend pour qui pour penser à notre place. Il en vient même à frapper Moni alors qu’elle parle juste avec nous. On lui fait vite comprendre de la laisser tranquille, que les enfants ne dérangent personne, au contraire. Il ferait mieux de s’occuper des nombreux vendeurs de hash qui t’interpellent partout dans la ville. Faut savoir qu’après avoir vendu, la plupart vont balancer à la police. Il aura quand même réussi sont coup. Les enfants sont effrayés, et Moni n’osera pas revenir à la Main Ghât pour le reste de la soirée. Elle m’amène donc sur une Ghât voisine, avec moins de touristes mais toujours avec la même ambiance, où elle a moins peur de tomber sur le policier. Elle en profite pour me présenter à sa mère. La fin de la cérémonie se fait donc en compagnie de Moni et de ses amis, ayant laissé les miens sur l’autre Ghât.



Moni, en jaune, avec ses amis




Arrive alors le moment du départ, la déception pour Moni pensant pouvoir remanger avec nous le soir. Je lui fais comprendre que nous ne pouvons pas rester car nous partons le soir même à Khajurâho, et je lui laisse assez d’argent pour qu’elle puisse s’offrir à manger. Elle était toute heureuse avec son billet de 50 roupies (moins d’un euro), autant qu’elle puisse gagner en une journée. Elle nous a accompagné jusqu’au rickshaw en nous tenant la main pour profiter des derniers instant avec nous, triste de nous voir partir. Le moment de nous dire au revoir fut assez intense pour elle, n’ayant pas pu s’empêcher de pleurer. Je mentirai si je disais que je n’ai rien ressenti. Voyager en Inde me fait côtoyer la misère de près, donc faire plaisir à cette petite c’était une façon pour moi, de faire face à tout ça. Il ne suffit pas de grand-chose souvent pour donner le sourire à ces gamins des rues. Elle aura au moins passé une bonne journée en notre compagnie, oubliant un peu ses soucis quotidiens. Je lui ai promis que je reviendrai fin décembre.

Nous voilà donc dans le train pour Khajurâho, avec la tête pleine de souvenirs et de bons moments. Varanasi est vraiment une superbe ville, qui peut ne pas plaire à tout le monde par son côté un peu oppressant, toujours à se faire accoster pour notre argent. Mais, si on sait ne pas y faire attention, on voit la ville différemment et on comprend pourquoi cette ville est sacrée, ce qui est assez difficile d’expliquer par des mots. J’y reviendrai avec les parents, et peut-être encore après, surtout que maintenant j’ai une promesse à tenir.

La suite du voyage à suivre sous peu, avant fin novembre…

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